Plus fort que De Gaulle !

Le forum de Réversa avait revêtu des allures plus ouvertes que lors de son exhibition précédente, cela Adam devait l'avouer. La salle se remplissait petit à petit, et l'Ancien chargé de communication observa sa population rentrer. Un sourire satisfait se glissa imperceptiblement sur ses lèvres, tandis qu'il se tournait légèrement vers les deux anciens miliciens derrière lui. Il hocha la tête et posa ses mains sur le pupitre en verre, étalant les papiers qui lui serviraient pour son discours devant lui. Un sourire affable se composa alors immédiatement sur son visage, tandis qu'il observait chaque personne s'asseoir avec attention. Oh, il n'imaginait pas la partie gagnée, mais au moins, ils étaient venus. La conférence avait été annoncée à travers le journal de la ville et Adam, même s'il enrageait un peu de ne pas pouvoir être à la petite réunion privée des aristocrates et des siens, mais sa présence ici pouvait changer beaucoup, et il le savait pertinemment. Tout n'était qu'une question d'image et de communication après tout. L'art de manier les mots pouvaient fort changer les états d'esprits.

« Mesdames et Messieurs, je vous en prie, prenez place. »

Il se racla la gorge lentement avant d'entamer.

« Je pense que l'incident de cette semaine à l'Eden's Manor aura marqué tous les esprits. Et nous désolons bien entendu cette perte aussi soudaine qu'incompréhensible. Notre ville pleure ces morts incompris, et j'aimerais que l'on effectue tous une minute de silence pour eux. »

Revirement de situation soudain pour les Anges n'est-ce pas ? Hé bien, vous n'êtes pas au bout de vos surprises.

Spoiler:

Debout contre le mur, une jambe repliée dans la position la plus confortable dans ce genre de situation, Jon sourit lorsqu'il vit la foule se déverser dans le forum comme la dernière fois. Il ne doutait pas une seule seconde que les relents de chaos que respiraient le sol de ce lieu n'allaient pas tarder à sortir de terre comme des mauvais souvenirs morts-vivants pour prendre toute cette populace à bras le corps et lui hurler de faire du bazar.
Lui-même en avait bien envie et déjà, sa position et son immobilité l'incommodaient.

Les premières têtes connues apparurent. James. Sasha. Il les regarda s'installer sans leur adresser le moindre signe apparent. Il ne fallait pas faire preuve ouverte de familiarité alors qu'on allait certainement tous bientôt se rapprocher pour sa taper sur la gueule.

Lorsque Adam prit la parole, Jon se mordit la langue pour ne pas éclater de rire et regarda d'un œil amusé la réaction de l'assistance. Certains allaient-ils être assez idiots pour se taire durant une minute pour ces pauvres charognes qui ne demandaient qu'à mourir ? D'autres allaient-ils déjà quitter la salle, conscients qu'ils allaient perdre leur temps ici ?
Ils auraient tort. Quelque chose de décisif allait se décider ce soir.

Diane serra les dent. Un incident ? Comme s'il ne s'agissait qu'un retard sur la ligne de train. Ce n'était pas un vulgaire incident mais un meurtre et une belle tentative pour lancer une guerre. La brune en avait assez. Tout le temps qu'elle avait passé à Reversa, on avait pas cesser de lui répéter de rester courtoise avec les lycans dans la mesure du possible, d'éviter le conflit. Le clan avait même fait exécuter l'un des leurs pour les beaux yeux de ces créatures. Et maintenant ils venaient faire un barbecue de vampire devant le manoir et tous ses habitants. Le pire ? C'est qu'aucune mesure ne semblait être prise pour punir les responsables. Alors quoi, ils avaient le droit de transformer les vampires en torche humaine sans que personne ne lève le petit doigt ?

Elle acquiesça pour elle-même la remarque d'une femme quelques rangs devant elle sur l'utilisation des mots de l'ange. Au moins, il y en avait qui ne se laissaient pas berner. Diane fusilla le lycan du regard, lui aussi voulait faire des brochettes de vampires, hein ? C'était honnête au mois. Elle planta son regard sur lui avec un sourire ironique.

- Oh vraiment ? On a vu comment vous tenez vos hommes, je suis certaine que ce sera un franc succès.

Il n'avait pas pu les empêcher de parler, mais ils avaient presque tenu une minute. Un exploit ! Mais très vite, l'un de ces chiens avait du ouvrir sa bouche bien haut, bien fort, et tous commençaient donc à réagir petit à petit dans leur coin, enrageant de ses propos. Pas vraiment étonnant quand on y regardait. L'avocat se pencha sur son pupitre avant de reprendre la parole.

« Nous vous remercions pour votre intervention monsieur Masaraï et nous prenons tous bonnes notes des... dispositions que vous et vos semblables allez prendre. Néanmoins nous vous enjoignons à garder votre calme, mesdames et messieurs, soyez bien sûr assurés que les coupables seront traduits en justice et répondront de leur crime devant la loi. »

Il se redressa à nouveau, tout en jetant un regard sur toute la salle.

« Avant tout, nous tenions à vous faire savoir que vous n'avez rien à craindre. Je pense parler au nom de tous les représentants de l'ordre de cette ville, pour vous assurer que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que tout se passe pour le mieux dans les prochains jours et éviter les débordements que vous avez pu connaître. »

Ne pas en dire trop, du moins pas tout de suite et ainsi éviter que les choses se passent mal. Voila ce que l'Ange avait à faire. Rassurer, toucher ces personnes.. . Et annoncer un discours qui les sensibiliseraient suffisamment pour les amener à y croire. Voila tout.

Les premières réactions fusèrent. Adam n'attendait de toute façon que cela, et il restait calme que pour mieux envenimer les choses ; Jon devait avouer qu'il connaissait malheureusement ce procédé de manipulation pour l'avoir utilisé pendant des années envers sa femme. Cependant là Adam voyait plus grand et ce n'était plus le même délire. Il fallait en effet faire preuve d'un grand talent d'orateur pour manipuler une population tout entière...et la vitesse avec laquelle les gens se mettaient en colère prouvait qu'il se débrouillait très bien.

Jon tenta de rester impassible et de regarder les passions se déchaîner. Lui-même ignorait depuis quand l'Ordre se mêlait des affaires des Nocturnes, peut-être même qu'Adam ne le savait pas plus que lui et devait juste véhiculer une information tout en ressortant vivant du forum. Jon posa ses deux pieds par terre et vérifia que son arme était toujours contre son flanc. Il jeta un regard entendu à James.
Il fallait se tenir prêt si ça dégénérait.

Un homme, un lycan d'après ses dires, intervint, assurant qu'il allait faire en sorte que cela ne se reproduise plus, mais bizarrement, je ne le sentais pas aussi sincère que cela. Et une vampire ne manqua pas de faire remarquer qu'il avait déjà prouvé comme il tenait bien ses loups... J'avais peur que les choses ne dégénèrent et je puisais du réconfort dans la présence de Cassandre que je ne quittais plus.

Et puis, soudain, un homme se retrouva près de moi et le surnom qu'il me donna me renvoya aux terribles événements de novembre. Je levais le regard vers le lycan plus que sexy qui avait été un de mes compagnons d'infortune et que j'avais apprécié aussitôt... Etait-il un ennemi lui aussi ? Ou bien simplement neutre dans tout cela ?

« J'espère qu'elles ne sont pas le signe d'un éternel recommencement et que les événements se termineront de façon moins tragique que la dernière fois. »

Il alpagua alors la vampire, ne semblant pas enclin à encourage la vengeance et sous entendant que les Nocturnes feraient mieux de s'allier plutôt que de se rosser les uns les autres, facilitant les travail à... à qui ? A l'Ordre ? Cet ordre qui essayait de montrer sa bonne foi aujourd'hui en la personne de cet Ange ? Il affirma que les coupables seraient soumis à la justice. Des paroles, de belles paroles, mais que valaient leurs actes ? L'autre lycan reprit la parole et je tiquais, avant de souligner :

« Sans doute serait-il plus sage de laisser les membres de l'Ordre s'occuper de retrouver les coupables, afin d'assurer toute la neutralité possible et éviter ainsi des débordements. L'Ordre est là pour cela, non ? »

Et en même temps que je disais cela, je songeais que je n'étais qu'ironie, même si mon ton était déférent. Merci les cours de théâtre... Qu'ils dévoilent donc leur jeu...

Diane esquissa un sourire à sa voisine en sentant la main de Gina se poser sur son bras. Elle n'avait pas pu s'empêcher d'intervenir, s'ils étaient une meute, ils étaient liés. Les actions des uns ne reflétaient peut-être pas le fond de la pensée des autres, mais elles étaient quand même de leur responsabilité. Il n'y avait pas de raison pour qu'il n'y en ait que pour les vampires dans cette ville, c'était toujours eux qui trinquaient les premiers, pourtant, autant qu'elle sache, les lycans étaient des monstres au même titre qu'eux, les vampires n'avaient donc pas à être les seuls à trinquer.

Ne pas pardonner aux lycans d'avoir fait frire l'un des leurs en barbecue devant leur Manoir ? On se demandait bien pourquoi. Peut-être qu'eux aussi auraient l'impression d'avoir quelque chose de coincé en travers de la gorge si un vampire était venu s'amuser à dépecer l'un des leurs juste sur le parvis du Hunter's Manor. Le proverbe disait bien de ne pas faire à autrui ce qu'on aimerait pas qu'on nous fasse ? Ce qu'ils avaient fait équivalait à une déclaration de guerre. Les voir essayer de s'excuser publiquement pour mieux les poignarder dans le dos la prochaine fois rendait Diane furieuse. L'Ordre et la Justice … La bonne blague. La plupart des membres étaient certes des policiers, mais les autres étaient des anciens anges qui avaient toujours une dent contre les nocturnes quoi qu'ils en disent, quant aux policiers, ils avaient eux aussi peut-être perdu quelqu'un. Qu'ils créent une police avec des représentants de chaque race et là ils pourraient en reparler.

Il était plaisant d'avoir des supports silencieux. La situation semblait déjà s'envenimer et Adam n'avait pas vraiment envie de remercier le bras droit de Shepherd pour cela. Bon dieu, ne pouvait-on pas museler ce chien une bonne fois pour toute? Pourtant, aucune de ses pensées ne vint s'apesantir sur le visage de l'Avocat qui se contenta de répondre aux questions - légitimes pour une fois - de savoir ce qu'il faisait sur les lieux à leur dresser le portrait de ce qui n'allait pas dans cette ville.

"Je suis ici en tant qu'avocat des forces de l'ordre de cette ville, et en tant que cela, je suis chargé de les représenter lorsqu'ils ne peuvent pas être sur place eux-mêmes."

Il hocha la tête en direction de ses détracteurs avant de reprendre d'une voix calme.

" Afin que cette conférence de presse se passe au mieux, je demandrais à chacun de garder son calme et d'éviter tout débordement. Je comprends la colère qui vous anime, autant que l'Ordre. Les mesures qui vont être prises dans un premier temps seront des surveillances accrues dans les rues , ainsi que des enquêtes approfondies. Il vous sera sans doute demandé de collaborer avec l'Ordre, et de répondre au mieux à ses questions. En échange, l'Ordre sera plus à même que moi de répondre à vos questions."

Il balaya son regard sur la salle, omettant volontairement de répondre aux attaques sur le " sale ange" qu'il était, ce n'était pas vraiment le propos du moment.

Jon se redressa et ses oreilles allèrent d'un propos à un autre. Il était étrange de voir que les concernés étaient les plus calmes, tandis que ceux qui n'avaient rien à voir dans cette affaire, par exemple les Elfes, étaient ceux qui partaient le plus en vrille. Etait-ce prémédité ? Qu'avaient les lycans derrière la tête ? Jon n'avait pas autant de rancune contre eux que contre les Vampires, ainsi avait-il plus tendance à les écouter. Se pourrait-il que le Chef déclaré des Lycans n'ait pas été la cause d'un tel acte ? Il en parlerait à Julian, quand celui-ci arrêterait de lui faire la gueule. Il fallait mener une enquête là dessus.

Se glissant vers son homologue, Jon lui chuchota quelques mots à l'oreille.

"Si vous le permettez Monsieur Mc Carty, veuillez annoncez les mesures prises par l'Ordre avant que cela dégénère et que nous soyons contraints d'utiliser la manière forte pour les contenir."

Puis il retourna contre son mur, comme si de rien n'était, à la différence que sa main serrait son revolver à l'intérieur de sa veste.

Diane ignora complètement les voix qui s'élevaient un peu partout tout autour d'elle pour se concentrer sur ce que l'ange avait dit. Peut-être qu'Hayden avait raison de vouloir que les vampires de la ville se terre dans le Manoir comme de vulgaires termites. Au moins, quand ils étaient à l'intérieur, ils n'étaient pas dehors, à la merci des gens de l'Ordre, et plus particulièrement des anges qui avaient depuis longtemps démontré leur aversion envers les vampires. Voilà qui ne lui plaisait pas le moins du monde, mais alors pas du tout. Bientôt, ils allaient finir par devoir s'emmurer vivant dans ce foutu manoir. Ce serait le reste de la ville qui serait contente alors ! Diane se renfrogna en s'enfonçant dans son siège.

Oui, elle voulait aussi savoir ce qui allait arriver à la bande de crétins qui s'était amusé à faire griller du vampire sur le parvis de l'Eden. S'ils s'en sortaient comme des fleurs, alors là, ce serait vraiment injuste, mais qui viendrait se plaindre si des tueurs de vampires n'étaient jamais retrouvé ? Personne. Parce qu'ils étaient considérés comme des foutus monstres dans cette foutue ville et que les voir disparaitre, pour certains, était loin d'être un fléau. Des gens comme son propre opposé tueraient pour avoir des places au premier rang si on organisait des combats de lions avec des vampires façon Colisée. Et d'autres encore devaient pleurer de ne pas pu avoir vu le barbecue.

L'Ange eut un signe léger de la tête, comme pour montrer à Wolfe qu'il l'écoutait et comprenait parfaitement ce qu'il lui disait. Son regard s'attarda légèrement sur une rouquine, avant qu'il ne détourne les yeux et n'écoute les Réversiens se plaindre. Encore et toujours. N'empêche que si on ne les avait pas virés du pouvoir, ces choses ne seraient pas arrivées...

« Pour vous répondre, Miss McArthur, je ne compte personnellement rien faire, l'Ordre agira selon sa propre initiative et nous transmettra en temps voulu des mesures plus drastiques s'ils le jugent nécessaire. Comme je vous l'ai dit, des surveillances seront organisées, non pas contre quelques personnes, comme vous le pensez monsieur Masaraï, mais bien générale, juste pour assurer la sécurité de tout un chacun et pouvoir agir dans la rapidité si tel est le besoin. »

Il s'appuya un peu plus sur le pupitre, croisant les bras sur ce dernier, et bascula légèrement le torse vers l'avant, dans une attitude peut-être moins hautaine.

« L'Ordre est ici pour assurer notre sécurité et c'est ce qu'il va faire. Lorsque les coupables seront trouvés et arrêtés, un jugement équitable sera alors imposé. Un jury public décidera du sort des responsables, et non pas l'Ordre. »

Même s'il se doutait bien qu'ils n'attraperaient jamais ces deux Lycans. Il tourna la tête vers Wolfe et Taylor, avant de revenir vers l'ensemble de l'assemblée.

« L'Ordre n'est pas ici pour assumer une quelconque influence sur la population. Il n'a aucun pouvoir si ce n'est celui de la loi. Il ne s'agit uniquement d'une police, monsieur Masaraï, rien de plus. Dans ce moment sans gouvernement, il est bien évident qu'il faut tout de même un organisme pour faire régner l'harmonie à Réversa, sans quoi, nous assisterons à de tels actes bien plus souvent que l'on ne peut le penser. J'aimerais aussi vous demander de cesser d'agiter ce briquet, je ne doute pas que cela puisse rendre certains d'entre nous, nerveux, dirons nous.»

Il retint une moue agacée, s'octroyant un visage neutre par la même occasion.

« D'autres questions ? »

Jon sentait qu'Adam faisait tout pour garder son calme et se mettre au niveau de la population dont les jérémiades ne cessaient de fuser, décorant l'ambiance de relents de déjà-vu. Toujours collé à son mur, il croisa de nouveau le regard de Mc Carthy. La situation ne cessait de s'envenimer et ç'allait bientôt exploser, il le sentait.

Maintenant qu'Adam avait donné sa réponse à la vermine ingrate de cette populace, ces derniers allaient certainement se calmer et tenter de devenir raisonnables, autrement, lui-même et son acolyte allaient devoir cesser de l'être.