Let's get it started | groupe 1

Il haussa les sourcils avant d'étirer une grimace sarcastique. Mais bien sûr. Elle n'avait jamais besoin de personne de toute manière, c'était toujours ainsi. Il préféra garder le silence à ce sujet, parce que l'énerver davantage ne semblait pas vraiment être l'idée du siècle.

" Tu es vraiment de mauvaise foi, c'est dingue. Devrais-je te rappeler que tes potes ne sont pas là... Donc je ne risque plus grand chose."

Il poussa un soupir avant de l'attraper par le poignet et de l'arrêter.

" On peut discuter comme les adultes qu'on est censé être ou tu vas encore tirer la gueule jusqu'à ce qu'on ait fini ici?"

Il la lâcha et se passa une main dans les cheveux.

" Je reconnais que j'ai eu une réaction... disproportionnée là-bas. Ce que je veux te faire comprendre, c'est que je ne le maîtrise absolument pas. On nous met en régime restreint, et nos pulsions se retrouvent... frustrées, ingérables presque. Et dans certains moments on ne peut plus garder le contrôle. Ça crée ce genre de situations incompréhensibles. Tu penses que j'ai agi comme un con, je sais juste que je ne pouvais pas me contrôler. C'est là où tu ne peux pas comprendre en effet, parce que tu ne le vis pas, Persé, ce n'est pas en toi. "

Je levai un sourcil comme il attrapait mon poignet. C'était vraiment une chose que je n'aimais pas.

"Discuter de quoi ? Tu as agi comme un con, j'ai rien arrangé, il n'y a rien à dire de plus."

Noah me lâcha et prit néanmoins soin d'ajouter une couche. Je croisais mes bras, alors qu'il s'enfonçait un peu plus.

"Exactement, tu as quelque chose en toi que tu ne contrôles pas. Pourtant, t'en débarrasser ne te frôle même pas l'esprit. Tu n'en as rien foutre des conséquences. C'est pas être con, mais égoïste."

Il voulait discuter ? Discutons.

Il afficha à nouveau une mine sombre, sans détacher son regard du sien, ce dernier se teintant d'un voile de colère au plus elle parlait.

" Tu as facile de juger. Je ne le contrôle pas tout le temps. J'ai dérapé pour la première fois depuis des mois. Rien ne va m'affirmer que si je redeviens humain, je ne serais pas à nouveau transformé par un abruti qui lui, ne se contrôlera pas du tout. Ou pire, que je serais complètement mort."

Il s'avança légèrement, la surplombant de toute sa hauteur.

" Tu veux me faire passer ton espèce de rituel. Qu'est-ce qui peut te prouver que tout se passera bien à ce moment-là? Moi je n'ai aucune certitude de ça. Excuse moi de ne pas vouloir mourir... une deuxième fois. Si c'est ça être égoïste, alors oui, je le suis et je n'en ai aucune honte."

La première ayant déjà été suffisamment pénible, il n'avait vraiment pas envie de tenter un deuxième passage par là. Sachant qu'il n'en réchapperait pas cette fois-là. Il croisa les bras, si elle voulait déraper sur ce sujet là, il était prêt à lui faire front sans hésitation.

Je relevais les yeux vers lui. Je ne baisserais pas les yeux. Il ne m'intimiderait pas. En colère ou non. Vampire ou pas. Connard ou pas. Encore moins parce qu'il se comportait comme le premier des connards en fait.

"C'est moins fatiguant d'agresser des gens que de se protéger, tu as raison", commençai-je à répliquer, acide et cynique. "C'est aberrant tous les efforts que doivent déployer les Humains pour survivre. Et dire qu'ils réclament des solutions pour les protéger alors que les pauvres Vampires en ont tellement plus besoin."

Pendant mon discours cinglant, j'avais sorti discrètement mon arme pour le pointer sur Noah. Je le levais en direction de son cœur, ne m'éloignant pas, ne le quittant pas des yeux.

"Je pourrais te tuer à l'instant. Et pourtant, t'es un putain de Vampire. Ta vie n'est pas plus sûre en égorgeant les autres."

Je baissais finalement le flingue et reculai. Soupirais.

"Comment tu peux être sûr qu'un Rituel se passerait bien ? Tout ceux que j'ai menés se sont bien passés. Et je ne laisserais jamais rien t'arriver. Mais encore faudrait-il que tu y mettes du tien."

Que tu me fasses confiance. Que tu arrêtes de vouloir être ce monstre.

Je ne me démontais pas face à ses arguments que je jugeais simplistes. Trop simplistes pour me convaincre. Et ni son élan suicidaire ni ses accusations à mon encontre ne me calmaient, bien au contraire. Nous avions toujours éviter ce sujet à escient.

« Ça t'apportera le choix. Le choix de ne pas avoir de morts sur la conscience. », répliquais-je. « Parce que, non, tous les Humains ne sont pas des psychopathes. C'est comme si tu disais que tous les Elfes ne sont que des bouffeurs de salade. Ça n'a aucun sens. Mais en tant que Vampire, tu ne peux pas échapper à cette chose en toi qui demande du sang, incontrôlable et sans aucune conscience. Ne dis pas le contraire. Alors si, il y a une différence entre être humain ou vampire. »

Les meurtriers humains étaient bien pire. Mais les Vampires qui refusaient la chance d'arrêter leur massacre ne valaient certainement pas mieux. A partir du moment où le choix leur était donné, ils agissaient en connaissance de cause. Ils choisissaient de vivre sur le cadavre d'autres personnes. C'était l'option que Noah défendait. Si ça avait été quelqu'un d'autre, je l'aurais classé dans les éléments à éliminer. Mais c'était mon opposé. Et je ne supportais pas voir ce visage de lui. Je détournais mon regard embrasé par la colère, avant de le reporter sur lui, une teinte de déception en plus.

« Je ne te vois pas comme un monstre. Je suis persuadée que tu n'es pas cet homme qui prend plaisir à briser des vies. Mais tu tends à me prouver le contraire. C'est toi qui te fait passer pour un monstre, Noah. » J'inspirais. « Je te veux entier, toi seul. Sans ce qui t'altère. »

Ma voix se brisa légèrement. Et je ne veux pas que tu finisses sur la liste noire.

« Parce que tu compterais agresser les gens ? »

J'avais haussé un sourcil, perplexe. J'allais ensuite protester, mais il ne m'en laissa pas le temps. L'été passé... Il était bien culotté d'y faire allusion. Il m'avait déclaré, droit dans les yeux, qu'il se contrôlait. Deux semaines plus tard, un couple gisait dans son sang. Comment voulait-il que j'accepte l'argument du self-control ? De plus, les morts n'étaient pas tout ce qu'on leur reprochait malgré ce qu'il croyait. J'avais tellement de choses à répondre, pourtant je savais que ça ne servirait à rien. Noah resterait sur sa position, quoi qu'il lui en coûte, parce qu'il s'aveuglait. A cause de sa famille.

Nous arrivâmes devant le petit immeuble de Gallows Path. Je m'arrêtai devant la porte, le regardai, cherchai une percée que je ne trouvais pas. Je me raccrochais pourtant à ce « un jour peut-être ». Un jour peut-être comprendra-t-il que c'était ses futures victimes qu'il sauverait. Finalement, je tirais sur mon col pour révéler la jointure de mon cou et épaule. L'endroit où j'avais été mordue sept mois plus tôt ; la plaie avait disparu bien sûr, mais à cet endroit la cicatrisation était délicate, la peau restait différente, plus pâle, plus fine.

« Tu te souviens du Vampire qui m'a attaquée ? Je ne suis pas morte, mais la marque me rappellera toujours que je l'ai échappé belle. Je ne laisserais plus jamais personne me mordre, même s'il a l'intention de me laisser en vie. Même si c'est toi. »

Le but était de lui faire comprendre que les vampires ne laissaient pas que des morts derrière eux. Que je ne pourrais jamais oublier la menace latente qu'il représentait. Il n'y avait plus rien à dire.

« Peut-être que je me trompe sur toi. », déclarais-je d'une voix basse avant d'ajouter plus durement : « Tu m'as raccompagnée, tu devrais rejoindre ceux qui te comprennent maintenant. »

Ceux qui te tirent vers le fond. La haine envers une race m'embrasa soudain.

Ne pas savoir si l'on comptait faire du mal autour de soi... C'était ridicule. De la mauvaise foi à l'état pur. Le pire était à venir lorsqu'il retourna la culpabilité sur les humains. S'ils prenaient cher, c'était entièrement leur faute, bien entendu. S'ils étaient plus gentils avec ces malheureux vampires... Les Elfes subissaient aussi. Quelle était leur responsabilité à eux ? La colère refit un pic et je me contentais de mettre fin à cette discussion. Piqué au vif, Noah me tourna le dos, et alors qu'il s'éloignait, je lui balançais :

« Rejoins ton clan de pauvres âmes en détresse et ne t'avise plus de m'approcher. »

J'entrai ensuite dans le hall de l'immeuble et claquai violemment la porte.